26/02/2018

Le gaspillage alimentaire : risque de banalisation ?

Les chiffres sont éloquents. En France, près de 10 millions de tonnes de produits sont annuellement jetés à la poubelle. Comme chaque année, la journée nationale de la lutte contre le gaspillage alimentaire qui a lieu tous les 16 octobre a été l’occasion de faire le point sur les pertes qui concernent tous les stades de la chaîne alimentaire : producteurs, transformateurs, distributeurs, transporteurs et surtout consommateurs car cette année encore, ce sont les foyers qui ont jeté le plus de déchets avec 79 kg (chiffres de l’Ademe) Ouverture dans une nouvelle fenêtre.

Face à la multiplication des initiatives, sommes-nous en train de « banaliser » le gaspillage alimentaire ?

Le gaspillage n’est pas une problématique franco-française. L’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) continue de déplorer qu’un tiers des aliments destinés à la consommation humaine soit perdu tout au long de la chaîne alimentaire, alors même qu’un milliard d’individus dans le monde ne mangent pas à leur faim. Comme chaque année, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation rappelle les enjeux de ce gâchis qui coûte entre 12 et 20 milliards d’euros. Chaque Français jette environ 20 kilos de déchets alimentaires par an, dont 7 kilos de produits encore emballés. C’est l’équivalent d’un repas par semaine. L’Ademe a réalisé une étude qui classe les aliments gaspillés. Les légumes arrivent en tête (31%), suivis par les liquides (24%), les fruits (19%) puis le riz, les pâtes et les céréales (12%).

Aux petites pertes du quotidien chez le consommateur (un fond de yaourt jeté, un fruit laissé au fond de la corbeille) s’ajoutent les contretemps en restauration, comme les erreurs d’interprétation des dates de péremption, les plats cuisinés en trop grande quantité, la mauvaise gestion de la chambre froide et des stocks, etc. Mises bout à bout, ces déperditions finissent par peser lourd. Pourtant, les Français sont aujourd’hui habitués aux nombreuses initiatives et solutions antigaspi lancées par les différents acteurs du secteur alimentaire qu’ils fréquentent régulièrement : restauration, distribution, monde associatif, startups… « Bien qu’il fasse preuve d’une certaine vigilance, notamment à son domicile, le consommateur a malgré tout tendance à jeter », peut-on lire dans l’état des lieux des pertes liées au gaspillage alimentaire réalisé par l’Ademe. Face à la relative stagnation des avancées, sommes-nous en train de « banaliser » le gaspillage alimentaire ?

L’élan insufflé par la loi de lutte contre le gaspillage

La loi de lutte contre le gaspillage alimentaire, adoptée à l’unanimité le 3 février 2016, a jeté les bases d’une action plus efficace et plus inclusive. 18 mois après, les avancées concrètes sont bien là :

  • La grande distribution est désormais sommée de donner les invendus alimentaires : la loi a généralisé les conventions entre les grandes surfaces (GS) et les associations. En cas de refus, les supermarchés courent une sanction de 3 750 € par infraction. « Au total, ce sont plus de 10 millions de repas qui ont pu être partagés à des personnes nécessiteuses», explique Arash Derambarsh, instigateur de la pétition « Pour dire stop au gâchis alimentaire » Ouverture dans une nouvelle fenêtre ;
  • L’arsenal associatif s’est musclé : quelque 5 000 nouvelles associations ont vu le jour pour distribuer aux plus démunis les aliments proches de la date-limite de vente que les GS jetaient à la poubelle. Elles viennent donc s’ajouter aux Restos du cœur, à la Croix Rouge et aux Banques Alimentaires ;
  • C’est un symbole fort qui devrait impulser dans un premier temps les autres pays de l’UE : la France est le premier pays au monde à se doter d’une législation contre le gaspillage alimentaire. L’Italie se dirige vers le même modèle, et des pays comme l’Afrique du Sud et le Mexique, particulièrement confrontés à la problématique, sont dans les starting blocks.

Le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire se donne l’ambitieux objectif de réduire les pertes de 50% à l’horizon 2025. Pour l’atteindre, la mobilisation de tous est un préalable indiscutable. Consommateurs, mais aussi professionnels de l’alimentation doivent intégrer l’optimisation des quantités au quotidien et identifier les leviers les plus à même à appuyer cette dynamique positive.

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