Par leurs actes d’achat quotidiens, les consommateurs veillent de plus en plus souvent à sélectionner des produits alimentaires issus d’animaux élevés en plein air et dans des conditions respectueuses de leurs besoins et comportements naturels. Les résultats d’un Eurobaromètre (1), initié par la Commission européenne, montre que les européens attachent une grande importance au bien-être des animaux.
– 94 % affirment qu’il est important de protéger le bien-être des animaux d’élevage,
– 87 % considèrent que les campagnes d’information sur le bien-être animal ont une influence positive sur l’attitude des enfants et des jeunes à l’égard des animaux,
– 89 % des sondés pensent qu’une loi européenne devrait obliger toute personne utilisant des animaux à des fins commerciales à prendre soin d’eux,
– 52 % recherchent les labels qui identifient ces produits lors de leurs achats,
– 59 % des Européens sont prêts à payer plus cher pour des produits provenant de systèmes de production respectueux du bien-être animal, et parmi eux 35 % sont prêts à payer jusqu’à 5 % de plus, 16 % entre 6 et 10 % de plus (surtout en Suède, au Luxembourg et aux Pays-Bas).
En France, une étude IFOP (2) souligne que 92% des français pensent que le respect du bien-être animal est important et 71% des 18-24 ans considèrent que c’est très important.
Ces chiffres confirment que le bien-être animal est devenu une préoccupation de notre société et qui n’a fait que croître avec la pandémie. Lors de la Journée mondiale de l’animal en octobre 2020, une soixantaine d’associations internationales de protection animale ont uni leurs voix à travers un manifeste « One Welfare, One Health » qui affiche clairement leur ambition : pour préserver la santé humaine, il faut miser sur la santé animale et environnementale…
Des approvisionnements qui prennent en compte le bien-être animal
Ce mouvement de fond en faveur du bien-être animal n’est pourtant pas encore suffisamment pris en compte dans la consommation hors domicile. Les convives de la restauration collective, petits et grands, y seraient pourtant très sensibles. Les restaurateurs manquent encore souvent d’informations sur ce sujet même si certains ont déjà pris en compte cette dimension, d’autant qu’elle est mise en avant dans la loi EGalim qui intègre dans l’alimentation saine et durable le respect du bien-être animal.
Aujourd’hui, les restaurateurs disposent de plusieurs solutions pour faire savoir à leurs convives qu’ils se sont engagés dans ce domaine.
En ayant recours tout d’abord aux produits Label Rouge ou bio et plein air, les restaurateurs ont déjà l’assurance que le bien-être animal est pris en compte. Pour la viande, le cahier des charges indique par exemple que la durée de transport, du lieu d’élevage à l’abattoir, ne doit pas excéder un jour et doit être opérée par des chauffeurs “formés au bien-être animal”. La certification Agriculture Biologique (AB) des abattoirs offre quant à elle quatre assurances : le temps de transport doit être réduit et les transporteurs n’ont pas le droit d’inoculer des calmants aux animaux. A l’arrivée, ils ne peuvent pas non plus utiliser un dispositif électrique pour forcer les bêtes à descendre du camion. Enfin, l’abattoir doit être intégralement nettoyé entre chaque lot d’animaux, pour permettre une meilleure hygiène ainsi qu’une meilleure traçabilité.
L’association Welfarm (3) milite pour rehausser ces exigences. Elle a lancé une initiative baptisée Etica (Etablissement Tournant le dos à l’Intensif dans les Cantines et les Approvisionnements) pour convaincre un maximum d’établissements de restauration collective de se tourner vers des approvisionnements plus éthiques en matière de bien-être animal. Le label Etica valorise les établissements qui garantissent une part minimum de produits respectueux du bien-être animal dans leurs approvisionnements. Partant du principe que l’école est un lieu de transmission de valeurs, la démarche vise à faire changer les habitudes d’approvisionnement. Ainsi, la quasi-totalité des produits d’origine animale servis dans les cantines des écoles de Saint Remy de Provence (13) sont issus d’élevages alternatifs qu’ils soient bio ou locaux. La commune a été la première municipalité à rejoindre la démarche Etica.
Les fournisseurs ont aussi multiplié leurs efforts dans ce domaine et le monde agricole œuvre aujourd’hui pour améliorer les élevages et favoriser au maximum des conditions de vie des animaux plus respectueuses et plus naturelles.
Les œufs français : un exemple à suivre
La France est le premier pays producteur d’œufs en Europe (4). Depuis le 1er février 2019, la loi EGalim interdit la mise en production de tout nouveau bâtiment d’élevage de poules pondeuses en cages (article 68). Car l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron était de ne plus produire d’œufs issus de l’élevage en batterie d’ici à 2022. Celle-ci a été réaffirmée par le ministre de l’agriculture au début de l’année 2018.
Les producteurs d’œufs ont su prendre le train en marche puisqu’à deux ans de l’échéance la filière dépasse l’objectif avec depuis 2020 plus d’une poule sur deux en élevage alternatif (53%). Et la consommation des œufs de poules élevées au sol a progressé de 15,8 %, celle du bio de 12,4% et du plein air de 6,3%. Et côté ovoproduits, le recours aux œufs alternatifs progresse également. En RHD, les œufs coquilles représentent 9% et les ovoproduits 39% (5) de la consommation totale tandis que les achats des ménages en magasins totalisent 48%, l’auto-consommation comptant pour 4%.
Côté bien-être animal, les producteurs d’œufs mettent aussi les bouchées doubles. Chez Eureden Œuf, groupe coopératif breton qui réuni 230 éleveurs (5,6 millions de poules), des formations bien-être via l’organisme Avipole Formation sont en place depuis 2015. Un organisme extérieur audite régulièrement les conditions d’élevages sur les différents sites et le recours aux antibiotiques est très contrôlé. L’objectif est de diminuer leur utilisation. Enfin, l’entreprise a pris la parole à travers un webinar sur le bien-être animal et a mené un travail pour ses œufs code 2 avec Welfarm. En 2017, sa marque Cocotine a décidé de s’engager concrètement au passage à 100% d’œufs alternatifs en 2025 chez tous ses producteurs.
Enfin, tout au long de la chaîne d’approvisionnement, on constate que de nombreux acteurs se sont engagés dans cette démarche en décidant de cesser de s’approvisionner en œufs coquille et en ovoproduits ayant recours aux élevages en cages. Parmi eux on note la présence des principales sociétés de restauration : Restalliance, Sodexo, Elior, Compass, Api Restauration, Newrest, Convivio, ainsi que leurs grossistes : Pomona, Sysco, Transgourmet, Disgroup, Marly Distribution, Back Europe France…
Nul doute que l’année 2021 sera encore plus vertueuse dans ce domaine… et c’est tant mieux !
(1) Eurobaromètre – mars 2016
(2) IFOP – décembre 2018
(3) Association qui œuvre pour une meilleure prise en compte du bien-être des animaux, à toutes les étapes de leur vie (élevage, transport, abattage)
(4)14,9 milliards d’œufs pondus en 2017.
(5) Estimation Itavi d’après SSP- Prodcom et douanes – 2018