Selon les chiffres du Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), les poules pondeuses de l’Hexagone représentent 47% des poules en cages aménagées, alors même que le bien-être animal est au cœur des préoccupations du côté des convives, et donc des professionnels du foodservice. Quelles sont les raisons de la lenteur de la transition vers l’élevage en plein air ?
LA SIGNIFICATION DES CODES DU MARQUAGE DES ŒUFS
Le marquage des œufs implique l’apposition d’un code sur les coquilles d’œufs pour informer sur leur provenance. Il permet d’assurer une traçabilité, conformément à la directive européenne 2002/4/CE. Rappelons les 4 paliers du marquage des œufs :
- Le code « 3 » : œufs de poules élevées en cages ou élevage en batterie ;
- Le code « 2 » : œufs de poules élevées au sol (ou en volière) ;
- Le code « 1 » : œufs de poules élevées en plein air ;
- Le code « 0 » : œufs de poules élevées selon le mode de production biologique (Label Agriculture biologique ou AB).
Cocotine, une marque de coopérative qui appartient à ses éleveurs, a pris l’engagement d’arrêter l’élevage des poules en cage. La gamme « poules au sol mieux-être animal » constitue une étape de cette transition approuvée par les acteurs de la restauration, soutenue par des associations œuvrant pour le bien-être animal et les convives.
Cette gamme code 2 mieux-être animal répond à la double problématique d’accessibilité prix attendu par la restauration dans son rôle social et du bien-être animal dans le déploiement concret de conditions de vie améliorées pour les poules.
VERS PLUS D’ŒUFS CODE 0, 1 ET 2 DANS LA RESTAURATION
En 2020, plus d’une poule sur deux est en élevage alternatif, la filière œuf dépasse son objectif deux ans avant l’échéance prévue, passant ainsi de 36,7% en 2017 à 53% en 2020.
Les professionnels de la restauration hors domicile sont de plus en plus nombreux à se montrer réceptifs à la demande des consommateurs qui aspirent à de meilleures conditions d’élevage aux poules. C’est d’ailleurs ce qu’à révélé l’IFOP dans son enquête en 2019 sur le fait que 83% des Français souhaitent que les professionnels de la restauration cessent de servir des œufs de poules en cages dans leurs menus. Dans la pratique, cela se traduit par un approvisionnement, partiel ou exclusif, en œufs code 0, 1 et 2. Pour satisfaire la flambée de la demande en œufs alternatifs, les producteurs et industriels ont besoin d’anticipation lors du changement de mode d’élevage qui nécessite 18 à 24 mois. Le principal facteur de ralentissement de la transition vers l’alternatif reste évidemment la contrainte financière. Il faut dire que les éleveurs ont déjà investi plus d’un milliard d’euros pour mettre leurs cages aux normes européennes entre 2010 et 2012, avec le plus souvent des emprunts à rembourser sur le long terme (entre 15 et 20 ans). La transition a un coût que les producteurs, seuls, ne sont pas en mesure d’assumer, d’où la nécessité d’un accompagnement réel et de solutions concrètes pour relever le défi.
UN ENGAGEMENT DE TOUTE LA FILIÈRE SUR LE LONG TERME
Cette évolution du marché surprend par son ampleur. Les professionnels de la restauration hors domicile sont nombreux à envisager l’arrêt de leurs approvisionnements en œufs de poules élevées en cage à moyen terme pour satisfaire leurs convives. Certains acteurs du foodservice se sont d’ailleurs déjà engagés : Restalliance, Sodexo, Sysco, Pomona, mais aussi des acteurs de la grande distribution comme Monoprix (2016), Carrefour, Leclerc, Intermarché, Lidl, Casino et Norma. Il s’agit là d’une dynamique irréversible et non d’une simple tendance éphémère. La part des élevages dits « alternatifs » (bio, plein air et poules au sol) devrait donc logiquement progresser dans les 10 prochaines années, avec une plus grande attention portée au bien-être animal.